ACP-EU Cooperation Program in Higher Education Enhances Capacity for Sustainable Energy Engineering in East Africa

Auteur : Adedoyin Adeleke

 

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A différents niveaux, le paradoxe du secteur énergétique en Afrique préoccupe de plus en plus les parties prenantes. L’Afrique est riche en ressources énergétiques mais pauvre en énergie. Les statistiques relatives à l’approvisionnement et à l’utilisation énergétiques décrivent parfaitement les conditions d’accès à l’énergie sur le continent. L’Afrique représente environ 16 pour cent de la population mondiale mais ne représente que 3 pour cent environ de la consommation mondiale d’énergie. Selon le rapport annuel World Energy Outlook, « l’Afrique subsaharienne est devenue la région la plus pauvre en électricité du monde en nombre d’habitants (dépassant l’Asie) mais aussi par sa proportion de la population totale ».

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L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a également expliqué que 80 pour cent des 1,1 milliards de personnes vivant sans électricité et sans accès à des services énergétiques modernes vivaient dans les zones rurales de l’Afrique subsaharienne et dans les pays en développement en Asie. Ces chiffres alarmants reflètent très bien les défis énergétiques auxquels doit faire face l’Afrique et représentent l’un des principaux obstacles au développement des pays en Afrique.

Heureusement, un certain nombre d’initiatives aux niveaux mondial, régional et national sont actives afin d’améliorer les conditions d’approvisionnement en énergie sur le continent. Or, la plupart des programmes de soutien sont axés sur l’exécution des projets alors qu’il y a un fort déficit en connaissances qu’il faut combler en développant les capacités si l’on veut assurer la durabilité des projets d’énergies renouvelables sur le continent.

Le rôle du renforcement des capacités en vue d’obtenir l’accès universel une énergie moderne ne doit pas être sous-estimé. Une amélioration importante en matière de durabilité des projets d’énergies renouvelables a été réalisée par l’augmentation du niveau d’engagement communautaire au moyen de formations courtes organisées pour les membres des communautés bénéficiaires. En outre, il est indispensable de soutenir stratégiquement l’acquisition par les experts en énergies renouvelables de connaissances actualisées en vue d’accélérer le développement des énergies renouvelables en Afrique.

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Un certain nombre d’organisations internationales soutenant activement la promotion des énergies renouvelables en Afrique ont également insisté sur ce point. L’atelier « Higher Education for the Renewable Energy Sector in Africa » (Enseignement supérieur pour le secteur des énergies renouvelables en Afrique) organisé par le Programme de coopération Afrique-UE dans le secteur des énergies renouvelables (RECP) en 2014 a mis en avant la nécessité de renforcer les activités en matière d’énergies renouvelables en Afrique en formant une nouvelle génération de professionnels de l’énergie mais aussi en renforçant le milieu des instituts de recherche en Afrique. De même, le Second Forum des parties prenantes du Partenariat Afrique-UE pour l’énergie (PAEE) organisé par l’Ecole polytechnique de Milan en 2016 a mis en évidence le besoin de renforcer les capacités en Afrique et le transfert des technologies afin de profiter pleinement des opportunités professionnelles et du développement des connaissances qui vont de pair avec le secteur croissant et plus efficace des énergies renouvelables.

Il faut instaurer dans les pays en développement une base de connaissances structurée en constituant une force de travail transdisciplinaire et bien équipée qui sera en mesure de reproduire, se développer et mettre en pratique ses connaissances au moyen de formations, recherches et développement de projets. Ce fut le but du projet Enlarged Network in Education and Research for Growing Impact of Sustainable Energy engineering on local development (ENERGISE) (Réseau élargi dans la formation et la recherche pour un impact croissant des technologies d’énergies renouvelables sur le développement local), financé par le Programme de coopération Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP)-UE pour l’enseignement supérieur (EDULINK). Le projet ENERGISE s’aligne sur l’objectif général d’EDULINK qui est de soutenir le renforcement des capacités et l’intégration régionale dans le domaine de l’enseignement supérieur par le développement de réseaux institutionnels.

Pour atteindre ses objectifs, le projet ENERGISE a renforcé les capacités des institutions partenaires à offrir des programmes de formation innovants et pratiques en génie énergétique. Le but étant d’augmenter « le nombre, la qualité et les compétences des ingénieurs en énergie qui pourront agir en qualité d’employés ou d’entrepreneurs pour répondre au défi complexe de l’accès à une énergie durable » en Afrique de l’Est. Le projet vise à mettre en place une nouvelle génération d’ingénieurs en énergies durables qui « seront capables de promouvoir les technologies adaptées, tout en considérant les aspects socio-économiques et environnementaux à long terme » dans la région. L’Ecole polytechnique de Milan (Italie), sous le contrôle de la Chaire UNESCO sur les énergies pour le développement, s’est associé à l’Université de Jimma (Ethiopie), l’Université technique du Kenya (Kenya), l’Université technique de Mombasa (Kenya) et l’Institut de technologie Dar Es Salaam (Tanzanie) pour mettre en œuvre le projet. Le choix de ces pays a été fait en fonction de leur faible taux d’accès l’énergie : Ethiopie (15 pour cent), Kenya (15 pour cent) et Tanzanie (11 pour cent). Le projet a fourni des séances de formations intensives sur le renforcement des capacités en matière de nouvelles méthodologies d’enseignement et de systèmes d’énergie décentralisée basés sur les énergies renouvelables.

Les systèmes d’énergie décentralisée sont considérés comme une solution énergétique viable pour les communautés rurales dans lesquelles réside la majorité de la population est-africaine. L’impact des systèmes d’énergie décentralisée sur l’amélioration des conditions des systèmes d’énergies durables, en particulier pour les communautés rurales hors réseau dans le monde entier, a été remarquable. Le Réseau d’action pour les énergies renouvelables pour le 21ème siècle (REN21) a déclaré que les systèmes d’énergie renouvelable décentralisée ont contribué à fournir en électricité environ 100 millions de personnes dans 26 millions de foyers dans le monde entier.

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L’impact croissant des systèmes d’énergie décentralisée explique pourquoi l’UNESCO, l’UNIDO et la Banque Mondiale, entre autres organisations internationales, ont insisté sur la nécessité d’augmenter le nombre et le niveau des ingénieurs en énergie pour pouvoir développer ces systèmes d’énergie. Les ingénieurs en énergie permettront de développer un savoir-faire dans la conception, la mise en œuvre, le suivi et la maintenance de solutions énergétiques appropriées et durables qui pourront être adaptées aux utilisations rurales. Le projet ENERGISE répond à ce besoin mondial avec une attention particulière pour l’Afrique de l’Est.

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Le consortium de projet ENERGISE a adopté une approche holistique et procédurale pour la réalisation des objectifs de ce projet. Une évaluation exhaustive de la situation actuelle en matière d’ingénierie énergétique a été effectuée par les institutions partenaires en Ethiopie, Kenya et Tanzanie. L’évaluation a été réalisée en vue d’identifier les lacunes et les besoins dans l’offre de programmes de formation de qualité en ingénierie énergétique dans la région et pour éviter une duplication des efforts. Pour la réalisation de cette évaluation, des questionnaires ont été remis à 137 membres et 274 étudiants des institutions partenaires, y compris 58 intervenants externes. Les résultats de cette évaluation ont révélé un faible niveau d’information sur l’énergie et une satisfaction modeste concernant les conditions énergétiques dans la région. L’étude a également permis au consortium de projet de comprendre les besoins impératifs d’améliorer les liens entre le monde universitaire, les secteurs publics, civils et privés pour développer des programmes de formation de haute qualité et axés sur le marché pour le secteur de l’ingénierie énergétique.

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Le projet a aussi amélioré les compétences des membres de faculté et renforcé les capacités du personnel non enseignant des institutions partenaires. Différentes formations sur de nombreux sujets ainsi que des programmes de formation technique, nécessaires à l’amélioration de la qualité des prestations, ont été organisés pour 114 membres supérieurs, 61 membres techniques et 30 membres juniors du personnel des institutions. A la fin de cette période de 42 mois, le projet a développé cinq programmes dans trois pays et un programme de master en sciences (MSc) axé sur le travail en Ingénierie des énergies durables couvrant l’ingénierie et les perspectives économiques des énergies durables. Le programme mis au point met l’accent sur le développement de technologies locales et innovantes pour une utilisation durable des énergies renouvelables. Le programme de master sera testé à l’Université de Jimma en Ethiopie.

Le projet soutenu par EDULINK a développé une plateforme e-collaborative pour la diffusion des informations concernant les projets d’énergie durable, leurs résultats et leurs impacts. La plateforme a été développée dans le but de soutenir un réseau intégré d’institutions de l’enseignement supérieur qui sera ouvert à la participation et bénéficiera aux intervenants du secteur public et privé. Elle favorise le partage de documents administratifs et d’évaluation par les pairs et met à disposition un espace d’e-learning pour les présentations PowerPoint et autres ressources. Elle servira également de portail pour les forums de communication tels que les séminaires en ligne, réunions en ligne, conférences, études et autres communications sur les énergies renouvelables.

Son cinquième objectif avait été l’organisation d’un atelier d’une semaine sur le Transfert de connaissances Sud-Sud à Arusha, Tanzanie. A l’occasion de cet atelier, le consortium de projet a partagé ses expériences et les leçons retenues de la mise en place du projet ENERGISE. L’atelier a également permis de discuter des impacts du projet ENERGISE avec le personnel de direction et le corps enseignant d’autres établissements d’enseignement supérieur, les membres d’organisations non gouvernementales et autres participants à l’atelier.

Images fournies par le Consortium du Projet ENERGISE