AN EXCHANGE BETWEEN CIPSEM-DRESDEN AND ISNAD-AFRICA ON ENVIRONMENTAL EDUCATION

Depuis plus de 40 ans, le Centre for International Postgraduate Studies of Environmental Management (CIPSEM), Allemagne, en partenariat avec le gouvernement allemand, l’UNESCO et le programme des Nations Unies pour l’environnement, propose différents cours entièrement financés sur les principaux sujets de la durabilité environnementale. Parmi les sujets abordés : Energie Renouvelable, Efficacité Energétique, Conservation et Restauration Ecologique, Eau et Atmosphère, Ressources en Sol et en Terres, Développement Durable Urbain et Régional, Gestion des Déchets et Economie Circulaire, et bien d’autres encore. Depuis 1977, le CIPSEM et ses partenaires ont offert des bourses complètes à 2 300 professionnels actifs dans diverses disciplines environnementales dans des pays en développement pour leur permettre de participer aux formations. Au cours de cet entretien avec ISNAD-Africa, le CIPSEM s’exprimera sur l’importance du dialogue, de l’échange des connaissances et du renforcement des capacités pour atteindre la durabilité environnementale.

 

ISNAD-Africa : Au cours des 40 dernières années, le Centre for International Postgraduate Studies for Environmental Management (CIPSEM) Dresden a proposé des cours intensifs et des programmes diplômant sur la durabilité environnementale. Pourquoi avez-vous choisi de vous concentrer sur la durabilité environnementale et sur les pays en développement ?

CIPSEM : Notre programme de formation postuniversitaire a été mis en place en 1977 comme contribution au programme des Nations Unies pour l’environnement lancé suite à la Conférence des Nations Unies en 1972 sur l’Environnement Humain et qui, pour la première fois, place l’environnement au centre des attentions de l’agenda politique mondial. La Conférence de Stockholm en 1972 a établi qu’un environnement sain est essentiel pour assurer la prospérité à long terme dans les pays en développement. Plus tard, les gouvernements dans le monde entier ont commencé à installer des ministères et organismes consacrés aux problèmes de l’environnement. Les problèmes en matière d’environnement et de développement sont toujours d’actualité et ressentis plus durement dans les pays en développement, il existe donc un besoin permanent de formation pour les décideurs et responsables dans le domaine de la gestion de l’environnement.

 

ISNAD-Africa : Les programmes du CIPSEM Dresden s’adressent aux « professionnels » dans les ministères, organismes ou unités de gouvernement locales et ONG qui jouent déjà un rôle actif dans la durabilité environnementale de leurs pays. Pourquoi vous concentrer sur ces groupes en particulier ?

CIPSEM : Les échanges approfondis des expériences liées à la gestion de l’environnement, avec les experts allemands mais aussi entre les spécialistes dans le monde entier, est indispensable au développement durable car les défis environnementaux sont souvent liés et les solutions peuvent donc être adaptées. D’autres groupes, tels que les étudiants et les chercheurs intéressés par le développement durable et la gestion environnementale, ont plus d’opportunités pour accéder à des programmes tels que le DAAD (Deutscher Akademischer Austauschdienst/Office allemand d’échanges universitaires) par exemple.

 

ISNAD-Africa : Est-ce que vous suivez leur progression après leur retour dans leurs pays d’origine ?

CIPSEM : Oui, nous réalisons des études de suivi pour nos étudiants 5 ans et 10 ans après leur participation à l’un de nos cours sur la gestion environnementale pour savoir si les formations étaient pertinentes et dans quelle mesure.

De plus, nous sommes toujours ravis de lire les récits des étudiants sur leur retour dans leurs pays d’origine, par exemple sur le blog du CIPSEM (http://cipsem.wordpress.com) ou sur les réseaux sociaux (http://facebook.com/cipsem).

 

ISNAD-Africa : En termes d’Evaluation d’Impact et au-delà des formations pour les Plans d’Action, comment les étudiants ayant suivi vos programmes utilisent-ils les connaissances acquises de ces formations pour avoir un impact dans leurs pays et pour leur engagement professionnel ?

CIPSEM : Les manières d’intégrer les connaissances et perspectives acquises dans le cadre de nos formations sont aussi variées que les différents parcours. Cette intégration peut se faire dans la formulation de politiques, une autre approche publique ou la recherche. Nous voyons aussi de nouvelles approches dans le domaine de la sensibilisation et des activités éducatives. Un bon nombre d’anciens étudiants a établi des relations de collaboration de longue durée avec des institutions allemandes et d’autres anciens participants. De plus, des collègues du Ministère Fédéral Allemand de l’Environnement rencontrent d’anciens étudiants lors de conférences internationales et peuvent constater combien l’intense immersion en Allemagne mais aussi l’échange d’expériences avec d’autres étudiants venus du monde entier affectent durablement la recherche de solutions communes pour le Développement Durable.

Enfin, à un niveau plus personnel, nous sommes toujours émerveillés par la persévérance avec laquelle nos étudiants s’appliquent à mettre en œuvre les enseignements acquis. Le dévouement personnel est important mais le contact avec d’autres participants hautement motivés peut aider.

 

ISNAD-Africa : Sur quels sujets se concentrent vos formations ? Pouvez-vous en citer quelques-uns et expliquer leur importance pour la durabilité environnementale ?

CIPSEM : Le rythme avec lequel les espèces et les habitats disparaissent est très alarmant, tel que le démontrent les chiffres de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes). Ainsi, nos formations accordent une place importante à la gestion des écosystèmes et la conservation de la biodiversité, par exemple en étudiant les services de l’écosystème. Nous proposons également des formations sur les sols, une ressource non renouvelable, et nous examinons la gouvernance des terres. Le sol est indispensable à la vie et constitue la base de toutes les activités humaines ; or, il est souvent négligé et en très grand danger dans plus d’endroits que beaucoup d’entre nous ne réalisent. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet sur le site Global Soil Week.

En outre, la gestion intégrée des ressources hydriques, y compris les solutions basées sur la nature, est un autre domaine clé de nos formations. L’accès à une eau propre et à des installations sanitaires est aussi important que la gestion des risques environnementaux tels que les inondations et les sécheresses. De plus, le changement climatique, l’atténuation des impacts ainsi que l’adaptation sont également abordés dans tous nos cours. Dans ce contexte, nous traitons les sujets de l’Efficacité des Ressources, particulièrement dans le contexte de l’Economie Circulaire et de la Gestion des Déchets.

Nous proposons actuellement une formation sur les Energies Renouvelables et l’Efficacité de l’Energie, formation à laquelle participent deux étudiants d’ISNAD-Africa. Le besoin en énergie abordable et propre est évident, tout en gardant à l’esprit qu’il est tout aussi urgent d’évoluer vers une société à zéro émission de carbone. La liste des sujets abordés dans nos programmes est bien plus longue, je pourrais en parler pendant des heures. De manière générale, la création de liens entre différents secteurs, y compris entre la science et la politique, est un élément clé dans tous nos programmes car nous avons tous besoin de travailler ensemble pour trouver les meilleures solutions et pouvoir relever les défis sans cesse changeants.

ISNAD-Afrique : En 2017, vous avez formé environ 23 décisionnaires de pays en voie de développement sur l’utilisation des sols et des terres en respect avec le développement durable, à votre avis quel impact sur le développement durable ont des sujets tels que l’agriculture et gestion des forêts, la science des sols, la gestion des eaux, la planification régionale… ?

CIPSEM : Les sujets que vous avez mentionnés affectent le développement durable de tellement de manières différentes. Des écosystèmes terrestres et aquatiques sains sont indispensables pour notre – les humains – bien-être, y compris nos activités économiques. Par exemple, si on s’intéresse à un terrain d’un point de vue énergétique, on veut s’assurer que la couche de terre qui se forme progressivement à la surface du sol reste en place et ne s’érode ou ne se scelle pas. Si on enlève de la biomasse, on doit être sûr que les nutriments qui ont nourri la plante soient retournés à la terre. Les terres, une ressource limitée, doivent être gérées de façon responsable et participative afin de prendre en compte les besoins conflictuels en eau, nourriture, fibres, infrastructure, logement et bien plus. Des connaissances approfondies et des collectes de données rigoureuses sont indispensables pour la gestion et surveillance. Le sujet lui-même est fascinant et complexe, pour une réponse plus détaillée je vous invite à voir par exemple Global Soil Week.

ISNAD-Afrique : Quelles répercussions avez-vous observé pour vos étudiants qui ont participé aux formations offertes par votre association ONU Environnement, l’UNESCO ou le ministère allemand de l’environnement ? Pouvez-vous nous parler du rôle et de l’impact qu’on eut les anciens étudiants de CIPSEM dans leurs pays respectifs ?

CIPSEM : Nos sondages pour anciens étudiants, prenant place 5 à 10 ans après la fin de leur formation à CIPSEM Dresden, montrent une écrasante majorité (99%) reportant que leur participation à au moins un cours CIPSEM a eu un effet positif sur leur carrière. En général tous les anciens étudiants continuent de travailler dans la même spécialité que le cours qu’ils ont suivi (ils travaillaient déjà dans le domaine depuis quelques années avant de joindre CIPSEM Dresden). On nous rapporte souvent que les participants obtiennent de nouvelles positions avec plus de responsabilités après leur retour, un résultat positif de la formation reçue par notre UN Environnement, UNESCO ou le ministère allemand de l’environnement. Dans nos sondages pour anciens étudiants, les participants nous parlent de leurs réussites. Ils ont tous des parcours très différent, c’est donc un peu difficile de tirer une conclusion générale, et on considère tous les efforts importants. Certains anciens élèves agissent pour le développement durable en tant que ministres, tandis que d’autres font un travail incroyable avec les enfants.

ISNAD-Afrique : Quels sont vos partenaires et sponsors pour le programme ISNAD Afrique ?

CIPSEM : Le ministère allemand de l’environnement, en partenariat avec l’agence allemande pour l’environnement, représente la majorité de notre financement et participe également au contenu. L’Université Technique Dresden (TU Dresden) paie également une partie des coûts. De plus, ONU Environnement et UNESCO sont des plateformes critiques pour rendre notre initiative internationale. Au-delà de ces partenaires, de nombreuses personnes et institutions participent à notre effort. Par exemple, la formation actuelle sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique voit des acteurs tels que la ville Chemnitz (Stadt Chemnitz)Deutsche Energie AgenturDeutsches Biomasseforschungszentrum, eins Energie in Sachsen, SOLARWATT, VDI Zentrum RessourceneffizienzAdelphi Berlin,  et Renewables Academy AG (RENAC)

ISNAD-Afrique : Combien de cours ou formations offrez-vous annuellement ?

CIPSEM : Nous enseignons quatre cours par an. Chaque année nous offrons un cours complet de 6 mois sur les différents aspects interconnectés de la gestion de l’environnement, qui s’adresse aux décisionnaires avec un large champ de responsabilités. Nous offrons en plus trois cours d’un mois chaque année. Le sujet des cours varie bi-annuellement : gestion intégrée des ressources en eau, gestion de l’écosystème, ressources en sol et en terres, développement urbain et régional durable, gestion des déchets et économie circulaire, énergies renouvelables et efficacité énergétique. De plus, nous organisons un voyage d’études de deux semaines pour les membres ICP (protection internationale du climat) de la fondation Humboldt Stiftung.

ISNAD-Afrique : Vu les enjeux du changement climatique, pensez-vous qu’il y a des domaines dans lesquels les parties concernées pourraient mieux faire afin de limiter le changement climatique ?

CIPSEM : Oui, nous ne sommes pas en bonne voie pour limiter le réchauffement climatique en-dessous de deux degrés, et les effets (changements de température et précipitations) se font déjà ressentir à travers le monde.

Pour nous attaquer au changement climatique comme le recommande par exemple WRIClimate, nous devons modifier drastiquement notre façon de concevoir les choses : au lieu de se concentrer sur comment alimenter nos maisons et usines il faut penser à comment nourrir nos familles et nous déplacer. Et pourtant, pays, entreprises, états et villes n’ont pas encore entrepris les changements drastiques nécessaires dans leurs structures économiques et sociétales. Nous devons nous assurer que nos décisions à court terme s’inscrivent dans nos objectifs de température à long terme, afin que tous puissent en bénéficier.

Bien plus de parties concernées devront joindre leurs efforts pour nombres d’interventions. Les étapes les plus cruciales concernent l’alignement de flux de capitaux pour une approche zéro carbone, un développement résistant aux changements climatiques et augmenter les attentes de contributions entre pays. D’autres mots-clés en lien avec les accords de paris sur le climat sont atténuation et adaptation au changement climatique, pertes et dégâts, finances, transfert et développement de techniques, bilan mondial, approches coopératives et volontaires. Comme vous pouvez le voir, beaucoup de ces défis sont liés à l’énergie, c’est pourquoi nous continuons d’offrir des formations sur ce sujet.

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